Les ha! ha! Online
Credited cast: | |||
Serge Thériault | - | Ding | |
Claude Meunier | - | Dong | |
Michel Barrette | |||
Rémy Girard | |||
Daniel Lemire | |||
Pierre Verville | |||
Rest of cast listed alphabetically: | |||
André-Philippe Gagnon | - | ||
Yves Rousseau | - | Giuseppe Mastromiamiani |
Claude Meunier se remémore ce moment. C'était en 1982. Un 3 décembre. « Le Club Soda venait d'ouvrir ses portes sur l'avenue du Parc, pas très loin de Fairmount à Montréal, se souvient le créateur. Les propriétaires étaient des amis. Ils avaient de la difficulté à attirer du monde dans leur club le lundi soir. On a décidé de les aider. » Les lundis des Ha ! Ha ! étaient nés, pour quatre semaines seulement, et donc quatre soirs pour lesquels d'ailleurs le duo vachement tacheté, et alors en train de donner corps à l'après-Paul et Paul, avait négocié un salaire fixe, de peur de ne pas voir assez de monde à la porte pour financer son cachet. « On était sûrs qu'il n'allait y avoir personne. » Et pourtant. Placée sous le signe de fausses auditions d'artistes comiques devant public, cette ratatouille humoristique, orchestrée par Ding et Dong, remplit rapidement cette petite salle de spectacle improbable située dans le nord de la métropole, entre un marchand de tapis et quelques restaurants grecs, jusqu'à devenir le catalyseur d'une nouvelle cohorte de comiques alors en phase ascendante. La distribution du premier soir donne le ton. Les jeunes Daniel Lemire, Pierre Verville, France Castel et Robert Gravel ouvrent le bal. Et auraient également pu le faire sans leurs hôtes. «On était allés souper sur l'avenue du Parc et, en revenant, une file de 600 personnes s'était formée devant le Club Soda », raconte Claude Meunier, qui comprend alors que le monde semble s'ennuyer de Paul et Paul, la formation qu'il a portée avec Thériault et Jacques Grisé dans les années 70. « Or, quand on est arrivés devant le portier, qui était un gros Black anglophone, il n'a pas voulu nous laisser entrer, nous repoussant même à la fin de la file. » La porte arrière des cuisines a sauvé la mise, et le rejet du duo a forgé la scène d'ouverture désormais mythique de ces Lundis des Ha ! Ha ! dans leur version télévisée. De remède à une soirée creuse, ces Lundis n'ont pas eu besoin de beaucoup de temps pour devenir la « soirée la plus hot en ville », dit Meunier. « Il y avait de la place pour cela, un besoin, un vide, que nous avons comblé. C'était un moment privilégié, une euphorie, l'émergence de quelque chose. » C'est aussi un temps passé que plusieurs artistes qui sont passés par cette vitrine du rire avant de se propulser ailleurs - dont Michel Barrette, Normand Brathwaite, Michel Courtemanche, Lise Dion, André-Philippe Gagnon, Rock et Belles Oreilles, JiCi Lauzon pour ne citer qu'eux - vont chercher à ramener dans le temps présent, le temps d'une soirée hommage. Et comme aurait dit Dong (Serge Thériault), qui ne sera pas de la partie, l'homme s'étant retiré définitivement du showbiz, explique son Ding un brin attristé, ils vont sûrement « profiter de l'occasion qu'on leur offre pour ne pas la refuser ». -Une inspiration qui vient de loin. L'origine des Lundis des Ha ! Ha !, c'est finalement à... Los Angeles qu'elle se trouve vraiment. « Nous étions allés là avec Louis Saïa, raconte Claude Meunier, dans l'espoir d'y suivre un séminaire en cinéma. » C'est finalement au Comedy Store que les deux se retrouvent, ce microclub d'à peine 100 places de Sunset Boulevard qui, depuis 10 ans, sous la houlette de Johnny Carson, cultive l'art du stand up comique et expose chaque soir l'efficacité redoutable du concept. « Quand j'ai vu ça, j'ai capoté, dit Meunier. En rentrant à Montréal, j'ai rêvé de reproduire la même chose. » L'humour en format cabaret traverse alors une période creuse après les grandes années des Paul Berval ou Claude Blanchard, surtout celle des clubs des années 60 que la première cohorte de la Génération X ne veut plus fréquenter. Trop marqués par l'époque de leurs parents, trop loin de leur univers. « Les humoristes comme Yvon Deschamps, Jean-Guy Moreau, Jean Lapointe se présentaient surtout dans des salles de spectacles. Paul et Paul également présentait ses spectacles sous cette forme. La formule cabaret était considérée comme kétaine et poussiéreuse », jusqu'à ce que l'absurde d'un duo de comique terriblement habile pour donner du sens au vide et décrisper en attirant le regard sur le rien ne change la donne. (article du devoir, le 1 er décembre 2012, entrevue avec Claude Meunier).